dimanche 14 décembre 2008

A Marie Louise

Marie Louise AUFRERE (1898-1925), Mon arrière grand mère

Après de rudes batailles menées dans la Somme, le régiment rejoint le cantonnement situé dans l’Ain pour un repos bien mérité.
Marcel pense à elle, celle qui est restée au pays. Il relit toutes ces lettres et se met à rêver aux jours futurs où il irait demander sa main à ses parents. Il aimerait tant que cette guerre se termine rapidement pour pouvoir la rejoindre. Et malgré le peu de temps qu’il a, il va lui écrire pour qu’elle ne l’oublie pas et pour faire taire quelques jours ses inquiétudes.

Marie Louise attend tous les jours la visite du facteur. Y’aura t-il aujourd’hui des nouvelles du front ? Elle pense tous les jours à Marcel et à son frère Henri. Tous les jours elle espère qu’ils lui reviennent bien vite.
Zut, il y a bien une carte postale mais c’est celle de Gaston. Maman a raison se dit-elle, il faut gagner en fermeté pour le remettre en place. Qu’a bien pu lui raconter Henri, qu’a t-il bien pu se mettre dans la tête pour ainsi s’accrocher à moi ce rustre !
Elle rêve à Marcel et lui écrit sans attendre sa lettre….
Elle relit les derniers mots sur la précédente carte.. « « reçois d’un ami les plus tendres amitiés. Un gros baiser ». Sa poitrine se resserre, son souffle se fait plus court.

Marie-Louise reçoit enfin de bonnes nouvelles de l’Ain mais elle sait qu’à cette heure, il est déjà repartie vers d’autres campagnes, d’autres combats…. du côté de Reims.

Les jours s’écoulent sans nouvelle de lui…jusqu’à la terrible nouvelle.
Elle regarde sur la place ces hommes épuisés s’en retourner dans leur foyer. Où est Marcel ? Pourquoi ne revient-il pas, lui ? Il ne reviendra plus et malgré sa peine elle est heureuse de retrouver son frère Henri, sain et sauf.

Peu à peu, la vie reprit son cours, elle discute de temps en temps et puis de plus en plus souvent avec Jules, le fils d’amis de ses parents. Il lui raconte la guerre et ses douleurs. Elle repense à Marcel et imagine les circonstances de sa mort.

Jules a déjà 29 ans, il est temps pour lui de fonder une famille. Ses parents l’incite d’ailleurs, ils s’inquiétent de son avenir.
Marie-Louise pense encore à Marcel et elle fuit les avances de Gaston. Elle a 22 ans et il est temps pour elle d’aimer à nouveau.

On parle encore de la guerre mais rien ne peut bouleverser ce bonheur de voir ces deux êtres si tendres se réunirent pour la vie.

Il leur fallu 3 ans pour mettre au monde leur première fille. Ils l’appelèrent Solange. Ils vivaient à l’étroit dans leur petite maison mais ils étaient heureux.
Pour le deuxième enfant, ils avaient déjà choisi le prénom. Si c’est une fille, ils l’appèleront Hélène.
Quel triste jour ce 17 mars 1925, Marie Louise mourut en mettant au monde son enfant mort né.

Quelque part, dans le fond d’un cimetière, on peut lire ces deux prénoms, à jamais réunis « Marie Louise et Hélène ». Elles ont rejoint Marcel.
Quelque part, dans le cœur et la mémoire de Solange, ces deux êtres lui manquent….
Pourquoi ne m’avoir jamais parlé d’Hélène qui maintenant a sa place dans mon cœur…

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